Dans un article paru dans la revue Le français aujourd’hui intitulé « Analyse critique de dispositifs d’enseignement de l’orthographe et propositions didactiques » (Joannidès, 2023), nous décrivions de façon critique et argumentée comment s’est imposée à l’école et sur le marché de la formation pour adultes une approche traditionnelle de l’orthographe, peu fondée sur la compréhension du système orthographique et de plus en plus inadaptée au profil des apprenants d’aujourd’hui (Brissaud, 2011 ; Chiss et David, 2018), si tant est qu’elle l’ait un jour été, sinon à une minorité (Chartier, 2022).
Pour faire face aux enjeux éducatifs et socioprofessionnels que compromet i) le déclin du niveau orthographique attesté par la recherche (Manesse et Cogis et alii 2007 ; Eteve, Nghiem et Philbert 2022) et ii) l'inadaptation des formations de remédiation, notamment digitales (Pallanti, 2021 ; Benzitoun, 2023), nous présentons un nouveau dispositif d’enseignement fondé sur une approche du nom de marque “Méthode Joannidès” (Joannidès, 2022), construite à partir des travaux des sciences du langage menés depuis les années mille-neuf-cent-soixante-dix, dont nous avons montré (Joannidès, 2023), à la suite de Danièle Cogis (2005), qu’ils n’étaient pas suffisamment pris en compte dans la construction des dispositifs existants.
Il y va de la démocratisation de l’accès à l’orthographe, donc à l’écrit, et par là même de l’accès au pouvoir symbolique que confère la compétence orthographique ; et nous postulons que seule une approche didactique innovante efficace sera en mesure de pallier les déficiences orthographiques et d’assurer ainsi la réussite scolaire, l’employabilité et le bien-être des individus (Martin-Lacroux, 2016).
Dans ce contexte, il convient d’évaluer l’efficacité d’une approche critique des pratiques traditionnelles, lesquelles reposent sur la mémorisation et la répétition de règles, souvent incomplètes ou confuses, alors même que la plupart du temps, les usagers connaissent déjà celles-ci sans parvenir à les appliquer. Dans notre approche, qui est donc une transposition des résultats de recherches en sciences du langage sur le terrain de la formation pour adulte en particulier, il ne s’agit plus d’apprendre par cœur des règles mais de comprendre, lorsque celles-ci ne sont pas spontanément assimilées, les logiques du code orthographique qui régissent ces règles, et ce, par le biais de nouveaux outils scientifiques sécurisants et accessibles à tous les profils d’apprentissage (visuel, auditif et/ou kinesthésique), à savoir par le biais de nouvelles catégories, de termes et de définitions moins ambigus (ex. : du pluriel), et d’exercices de verbalisation et manipulation (ex. : avec des briques de jeu). Grâce à un travail de modélisation et de didactisation du système orthographique grammatical en particulier, il s’agit notamment pour les apprenants et pour leurs enseignants de gérer l’accord et la conjugaison à partir d’un arbre de décision, qui fera l’objet d’une autre publication.
Dans l’objectif d’évaluer l’efficacité d’un dispositif de formation fondé sur une telle approche, nous présentons avec un regard critique les résultats d’une première enquête, qui apporte des éléments de réponse aux deux questions suivantes : i) Le dispositif permet-il une évolution positive et significative des compétences en orthographe grammaticale ? ii) Comment favoriser le développement des compétences visées ?
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