Auteur(s)
Claire BRANCHEREAU
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En novembre 2013, J. G. J. K. arrive en France. Le bien le plus précieux de cet A. de 26 ans, qui fut l’un de nos premiers apprenants, est alors son téléphone portable. GPS, fenêtre sur son pays d’origine, calculatrice, réveil, adresse pour l’administration française : l’appareil lui sert pour tout, des dizaines de fois par jour. Et ce alors qu’il maîtrise difficilement la lecture et l’écriture de sa propre langue, le pachtoune : il n’a fréquenté l’école que quelques années. Quand nous commençons à lui donner des cours de français, en 2015, il se met de lui- même à utiliser son mobile pour travailler la conjugaison, via une application, et pour écouter des dialogues en français sur Youtube. Il s’en sert aussi rapidement pour communiquer avec nous, via de brefs SMS ou sur les réseaux sociaux. Sa dextérité, que nous avons par la suite pu observer chez d’autres apprenants aux compétences pourtant limitées en matière de littératie, nous a d’abord fortement étonnée. Comment un individu sachant à peine lire et écrire peut-il tirer parti à ce point d’un téléphone portable, outil considéré par certains de nos concitoyens lettrés comme trop sophistiqué, trop moderne, trop compliqué et surtout, comme vecteur d’écrit ? Et puis, à force de faire ce constat de classe en classe, nous avons commencé à regarder d’un autre œil le phénomène. Certes, le mobile immerge un peu plus nos stagiaires dans le monde de l’écrit – un problème, pour des non lecteurs, non scripteurs –, mais il est aussi pour eux un objet du quotidien qui, d’après plusieurs études menées ces 15 dernières années et recensées dans notre bibliographie, pourrait leur permettre de produire ou d’analyser de l’écrit sans trop d’appréhension – une sorte de solution au problème évoqué plus haut. Pourrait-on pour autant imaginer tirer parti de l’agilité de nos apprenants sur le téléphone portable et des outils mis à disposition par ce type d’appareil pour les aider à acquérir des compétences en littératie et en français ? À supposer que oui, quel dispositif imaginer dans et hors de la classe, comment le combiner avec un programme de cours plus traditionnel, et pour quels apports ? Quelle progression organiser, selon quels niveaux ? À l’heure où certains chercheurs observent de très près le mobile learning, et où le ratio téléphone portable / humain ne cesse d’augmenter, nous avons estimé que ces questions valaient la peine d’être posées. C’est tout l’objet du présent mémoire.

Pour citer cet article

Branchereau Claire (2018). Usages didactiques du téléphone portable visant les compétences littéraciques. Mémoire de maser MEEF, sous la direction de P. Moinard. Université de Cergy Pontoise. En ligne : https://scolagram.u-cergy.fr/index.php/content_page/item/279-usages-didactiques-du-telephone-portable-visant-les-competences-litteraciques

 

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