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Revue Scolagram n°9

La science linguistique se nourrit de corpus. C’est un fait. Cela ne va cependant pas sans obstacles. Charaudeau (2009) relève notamment quelques problèmes liés à la constitution de ces corpus. Des problèmes de recueil, de nature, des problèmes de représentativité, des questions de catégorisation interne au corpus, des problèmes de traitement …
En didactique du français, les corpus sont un peu partout. Qu’il s’agisse de traiter de productions d’élèves (voir le n° 16 de la revue Corpus) , qu’il s’agisse pour les élèves de s’adonner à des activités de tri ou de classement, ou encore qu’il s’agisse d’exemples dans les manuels ou les activités, les corpus sont bien là, plus ou moins formalisés.
Si l’on suit Barth (2015), « le défi le plus important à relever dans la formation des enseignants et des formateurs est sans doute d’arriver à susciter un changement conceptuel dans leur rapport avec le savoir et son élaboration », ou Gilabert (1989), et qu’on « considère que la tâche la plus importante de l'enseignant est d'assister l'élève dans la construction de son savoir et, par là, dans l'émergence de son potentiel intellectuel, c'est d'abord pour cette tâche qu'il doit être préparé », alors il convient de s’interroger sur la place et la nature du corpus en didactique du français et donc dans la classe, si tant est qu’on veuille insuffler un peu de l’épistémologie de la linguistique dans le milieu scolaire. C’est le but du numéro 9 de Scolagram : Apprendre à fabriquer des corpus à/pour l'école.
Barth fait référence à deux démarches pédagogiques qui donnent accès à l’abstraction par des activités pédagogiques visant les mêmes objectifs :
- un entrainement à la conceptualisation qui rend l’élève conscient du processus ;
- l’acquisition d’un contenu abstrait.
Dans la première démarche, l’élève se trouve devant des exemples du concept déjà étiquetés en tant qu’exemples positifs et négatifs, tandis que dans la seconde, il doit réagir à un ensemble d’exemples désordonnés à partir desquels il est possible de faire émerger plusieurs concepts. Le corpus est donc outil d’abstraction, de conceptualisation, d’acquisition.
Qu’il résulte de l’activité du chercheur, du professeur ou de l’élève, le corpus est présent en didactique de la grammaire1. C’est à l’observation de la transposition didactique de cet outil de la recherche jusque dans la classe que ce numéro de Scolagram convie.

Quelques pistes :
• Les corpus fournissent des informations sur les capacités des élèves
◦ Quelles transpositions le traitement de corpus de productions d’élèves permet-il ? Quels obstacles d’apprentissage révèlent-ils ?
• Le corpus fournit les données du problème didactique
◦ Les textes sont-ils des corpus valides ? à quelles conditions ?
◦ Quels corpus sont-ils utilisés pour le travail grammatical ou orthographique en classe ou hors classe ? en ligne, dans les manuels, dans les cahiers ?
◦ Peut-on configurer des corpus pour la grammaire du texte ?
◦ Comment caractériser le ou les corpus proposés ?
◦ Quels objets linguistiques sont travaillés ?
• Le corpus est une situation-problème pour l’élève
◦ Quelles activités sont développées ou développables au moyen de corpus ? Quels problèmes les élèves résolvent-ils en traitant les données fournies par le corpus ?
◦ Quels types de tâches (ou activités) sont convoquées ? pour quels objectifs d’apprentissage ?
• Le corpus est-il un outil, une difficulté pour l’enseignant ?
◦ Quels gestes professionnels le corpus implique-t-il ? dans sa constitution pour les élèves ? dans ses usages en classe ?
◦ Quel format donner au corpus ?
◦ Comment l’intégrer à la progression pédagogique ?

 

Nature des propositions soumises

Les dossiers de la revue Scolagram tentent de proposer des contenus de types variés. Le but est d’y réunir, autant que faire se peut, des documents de statuts divers qui rendent compte de la chaine de transposition didactique au sein du thème abordé. C’est pourquoi, si les articles scientifiques y sont fréquemment majoritaires, il convient de ne pas s’interdire d’imaginer des propositions de nature différente :
• Des articles scientifiques n’excédant pas 40 000 signes, éventuellement accompagnés d’une annexe de volume raisonnable.
• Des propositions pédagogiques ou didactiques commentées
• Des exemples de corpus accompagnés de leur contexte d’utilisation
• Des compte-rendus d’expérimentation en classe
• Des mémoires de fin d’étude dédiés à la question

 

Calendrier

Les modalités de publication sur Scolagram sont souples, cependant :
• Les contributions ou projets de contributions sont attendus pour le 30 mai.
• La version finale serait bienvenue pour le 30 septembre 2023.
• Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.


Bibliographie largement non exhaustive

Patrick Charaudeau, « Dis-moi quel est ton corpus, je te dirai quelle est ta problématique », Corpus [En ligne], 8 | 2009, mis en ligne le 01 juillet 2010, consulté le 29 novembre 2022. URL : http://journals.openedition.org/corpus/1674 ; DOI : https://doi.org/10.4000/corpus.1674
Marie-Anne Pierrard. Modéliser les activités scientifiques à l'école élémentaire ?. In: Aster, recherches en didactique des sciences expérimentales, n°16, 1993. Modèles pédagogiques 1. pp. 47-75.
Hélène Gilabert. L'apprentissage de l'abstraction. Entretien avec Britt-Mari Barth. In: Communication et langages, n°81, 3ème trimestre 1989. pp. 5-12.
Britt Mary Barth (2015). Le savoir en construction. Retz.
Claire Doquet, Jacques David et Serge Fleury (dir.) « Spécificités et contraintes des grands corpus de textes scolaires : problèmes de transcription, d'annotation et de traitement », Corpus [En ligne], 16 | 2017, mis en ligne le 18 novembre 2017, consulté le 28 décembre 2022. URL : http://journals.openedition.org/corpus/2727 ; DOI : https://doi.org/10.4000/corpus.2727

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