Le travail de description mené dans cet ouvrage concerne spécifiquement la dimension textuelle des écrits professionnels. De nombreux travaux portent sur le fonctionnement et les fonctions du langage et des discours dans leurs usages professionnels, qu’il s’agisse des travaux précurseurs du réseau Langage et travail (Boutet, 1995, 2001 ; Borzeix & Fraenkel, 2001) ou des travaux des interactionnistes (Filliettaz, 2004, Filliettaz & Bronckart, eds., 2005). D’une certaine manière, ces travaux concernent les écrits professionnels, puisque bien évidemment en situation professionnelle les textes écrits sont insérés dans des échanges langagiers complexes et polysémiotiques. Toutefois, afin d’inscrire notre étude dans une perspective didactique, nous faisons le choix de la centrer sur le texte écrit. Nous avons en effet constaté que pour approfondir l’analyse de l’enseignement apprentissage de l’écrit, et plus particulièrement des écrits professionnels, dans les formations proposées aux adultes, il nous manque une description suffisamment avancée de leur fonctionnement textuel. Or la didactisation d’un objet langagier requiert une connaissance suffisante de cet objet. Cette description est selon nous d’autant plus nécessaire que les écrits professionnels sont foisonnants, très divers et produits de manière dispersée, du fait que chaque entreprise, voire chaque service ou atelier, élabore les écrits dont il a besoin (Guernier, Lachaud, Sautot & Boganika, 2016). Ce déficit de normalisation est problématique pour l’enseignement apprentissage dans la mesure où celui-ci requiert une formalisation et une abstraction pour favoriser les opérations de transferts.
L’objet de ce chapitre est d’interroger la nature des écrits professionnels et d’essayer d’en dégager des caractéristiques textuelles générales. Dans un premier temps nous reviendrons sur la dimension praxéologique des écrits professionnels. Puis nous nous demanderons si les écrits professionnels peuvent constituer un genre et lequel. Nous conclurons que la difficulté de répondre à ces questions théoriques ne facilite pas une didactisation dont la complexité émane directement des exemples à la disposition des formateurs.