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Catégorie : Besoins métalinguistiques
Auteur(s)
JP Sautot

Quel est l'objectif ?

Apprendre les mots contraires, un vrai objectif d'apprentissage en vocabulaire mais un objectif limité aux contours scientifiques bien imparfaits. Quelques exemples :

  • Noir est-il le contraire de blanc ?
  • Manger est-il le contraire de démanger ?
  • Entrer est-il le contraire absolu de sortir ?
  • Quel est le contraire du mot maman ? Papa ?
  • Mon état d'esprit est ... bof ! Suis je heureux ou ne suis je pas heureux, ou suis je malheureux ?
  • L'équipe de france de football n'a pas gagné. Cela signifie-t-il automatiquement qu'elle a perdu ?

Pour le dire clairement, faire croire aux élèves qu'il n'y que deux solutions, l'antonyme et la négation est un peu court, même si ces deux outils représentent ... un début d'outillage ! En fait l'impasse vient du fait qu'on entre par ces deux outils quand il faut entrer par une opération de langage : dire le contraire. C'est bien la manière de construire une progression grammaticale qui est en jeu. Si l'enseignant a comme conception que dire le contraire ce n'est que ces outils là, voire un seul des deux, alors il ne peut envisager d'entrer autrement dans la résolution du problème. En revanche, si l'enseignant, ou mieux l'équipe enseignante, aborde le problème dans une perspective un peu plus longue, alors on pose aux élèves la question de l'expression de la contradiction, ou de la contrariété, ou de l'inversion .... On peut alors diviser la tâche d'enseignement selon deux points de vue et plusieurs étapes : un point de vue de l'expression - "Comment dire ...?" - et un point de vue de l'outillage "Pour dire, je peux utiliser .... Voyons comment fonctionne cet outil".

Le but de cet article est de donner un peu de perspective à l'enseignement de la "relation d'antonymie".

Que disent les programmes scolaires ?

Les programmes de la francophonie traitent le problème. Ils font apparaitre la négation, la phrase négative, l'antonymie, la réfutation et même le débat contradictoire. Ceci étant, pour participer à un débat contradictoire au cycle 4 (France) il serait bon d'en étudier les outils.

Petit florilège des programmes ...

(Attention ! Les programmes ne sont pas nécessairement mis à jour dans cet article)

Belgique

(http://www.enseignement.be)

Traiter les unités lexicales : "comprendre le sens des mots en identifiant synonymes et antonymes"

France

Projet de programmes avril 2015

Cycle 3 : La phrase : "Type et forme de phrase : déclarative, interrogative, exclamative, impérative, affirmative, négative ;"

Cycle 4 : Mathématiques : "Conjecturer, confronter des idées, argumenter, démontrer pour valider ou réfuter une affirmation D4"

Cycle 4 :"Construire du sens : comprendre et interpréter  à l’oral  : ‐ comprendre des textes oraux de genres différents : [...] grandes lignes d’un débat contradictoire"

Québec

http://www1.mels.gouv.qc.ca/sections/programmeFormation/

Primaire

Connaissances liées à la phrase :   "Reconnaissance et utilisation de plusieurs types et formes de phrases : [...] – Formes positive et négative"

Connaissances liées au texte : "Phrases auxquelles l’élève sera exposé lors de situations de communication : [...] – Expression de la négation"

Textes qui servent d’outils de référence : "[...] – Dictionnaires : analogique, de synonymes, d’antonymes, de rimes, d’expressions figées et de proverbes, etc."

Secondaire - Domaine des langues

Grammaire de la phrase : "Se familiariser progressivement avec l’emploi de du et de, personne et rien de même que ne... que, on n’ et en n’ dans les phrases négatives et en systématiser l’apprentissage vers la fin du cycle"

Langue orale : "Accorder une attention particulière à la précision lexicale, au choix des pronoms relatifs et des marqueurs de relation, à la construction de l’interrogation, de la négation et de l’hypothèse débutant par si de même qu’à la conjugaison des verbes"

Lexique : "Reconnaître et utiliser des antonymes en accordant une attention particulière au contexte (ex. possibilité d’utiliser lever ou augmenter comme antonyme de baisser) "

Suisse

Plan d'Étude Romand :

Fonctionnement de la langue

L1 16 : "Observation de phrases de formes positive et négative"

L1 26 : "Identifie les phrases de types déclaratif, interrogatif et impératif aux formes positive et négative"

L1 36 : "Identification et utilisation des formes négatives et emphatiques"

Écrire des textes de genres différents adaptés aux situations d'énonciation

L1 32 : "Utilisation de différents procédés de persuasion: la démonstration, l'argument d'autorité, la concession, la réfutation (Niv 2-3)"

Produire des textes oraux de genres différents adaptés aux situations d'énonciation

L1 34 : "interagit et argumente au cours d'un débat (écoute et évalue, concède et réfute les arguments de l'autre) (Niv 3)"

Les outils de la grammaire de phrase

Les outils de la négation selon wikipédia

(Source partielle : https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9gation_%28linguistique%29 en octobre 2015)

La nature grammaticale des morphèmes utilisés pour exprimer la négation varie selon les langues et le contexte d'énonciation. On peut mentionner pour le français :

On voit déja que cette liste, qui ne sort pas d'une grammaire théorique ou d'un ouvrage de linguistique) enrichit grandement la boite à outils. La plupart de ces notions est abordée, d'une manière ou d'une autre, en fin d'école primaire ou au premier cycle du secondaire (en France) soit entre 8 et 14 ans.

Changer de perspective

La relation d'antonymie

La négation n'est pas le seul moyen de dire le contraire ou de contredire une proposition. Ainsi R. Martin (voir un extrait) ne travaille pas avec la négation comme entrée principale mais avec l'antonymie. Et il définit l'antonymie au moyen d'opérateurs logiques parfois complexes à expliciter. Plutot que d'entrer dans le problème par la théorie, ce qui nous ferait remplacer la liste des notions grammaticales par une autre liste de notions, nous allons entrer par diverses manières de dire les choses, et essayer de les classer dans le champ de ce que nous nommerons "relation d'antonymie", pour reprendre l'expression de R. Martin. Pour simplifier outrageusement, il y est question de vérité et de fausseté des énoncés, mais aussi d'une variété intermédiaire. il y a donc du vrai, du faux et du ni-vrai-ni-faux. Le verre à moitié plein ou à moitié vide ...

 

Charaudeau (page 54) propose une typologie des relations "contraire" :

 

Charaudeau (page 557) propose une typologie des formes de négation :

 

Chemin faisant nous proposerons quelques suggestions d'activités non exhaustives (Voir doc joint modifiable - Toutes vos propositions d'enrichissements sont les bienvenues - Contact) :

inoxydable
inabordable   
inviolé
incohérent
invertébré
instable
insuffisant

immortel
immobile

non-conformiste
nonpareil
non-aligné
non-initié
non-fumeurs
nonchalant
non-stop
non-combattant    
non-violent

asymétrique  

déballer
décacheter
desaller