Intérêt didactique et limite
L'approche de l'orthographe au travers de la valeur phonique des lettres présente l'intérêt majeur d'aborder le système graphique selon la modalité de la lecture. Pour être complète, l'étude de l'orthographe en tant que système constitué nécessite d'être effectuée dans les deux sens : oral-écrit et écrit-oral. La description ci-dessus propose une analyse dans le sens écrit-oral. Elle n'apporte donc que peu de solutions aux problèmes d'écriture mais permet de développer un savoir sur le fonctionnement du système. Cependant, et c'est là sa principale limitation, elle ne renseigne pas sur la problématique part visuelle de l'orthographe. La description de Blanche-Benveniste et Chervel réalise donc une analyse de la substance phonographique de l'écriture mais débouche sur une impasse quant à la part visuelle. En effet, la valeur zéro correspond à ce qui est généralement appelé une lettre muette dans les classes. Or si cette lettre ne transcrit aucun son, elle indique fréquemment au lecteur un sens très précis. Par exemple, la majorité des marques de pluriel sont "muettes". En attribuant une valeur zéro à une lettre qu'on appelle muette, on laisse sous entendre que la fonction de cette lettre est inexistante (). En faisant cela on nie la spécificité de l'orthographe par rapport à l'alphabet. L'alphabet est un système placé en totale dépendance de l'oral. L'écrit y représente l'oral unité par unité. La correspondance entre phonèmes et graphèmes y est donc aussi univoque que possible. Avec l'orthographe cependant, il y a plus d'unités écrites que d'unités orales. Le code écrit y est donc redondant. Instiller dans l'esprit des élèves qu'une part importante de l'écriture (20% environ) ne sert à rien est une posture pédagogique extrêmement délicate à soutenir. Il convient donc de conserver présent à l'esprit que la valeur zéro et son corrélât la lettre muette pourraient être bannies du vocabulaire de la classe. Les objectifs d'apprentissage sont donc au moins deux au cycle III : asseoir la compétence phonographique et expliciter la part visuelle de l'orthographe et particulièrement l'ensemble des graphèmes qui sont regroupés sous la valeur zéro. Pour le premier objectif, la description phonocentriste est adéquate, pour le second il faut faire appel à un autre cadre théorique que nous présentons à présent.
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